La ringuette à Dieppe, une brève histoire

Par Paul Pineau, tel que raconté à Ringuette Canada

 

« Vous voulez connaître l’histoire depuis le début ? En 1989, nous vivions à Gatineau, au Québec. Ma fille Tina, qui était très jeune, a commencé à jouer à la ringuette là-bas. 

 

Nous avons déménagé cette année-là, je suis originaire de [Dieppe], alors nous sommes revenus. Au printemps 1989, il n’y avait pas de ringuette dans la région de Dieppe, mais il y en avait une à Riverview, du côté anglais de la ville. Tina s’y est inscrite, mais étant née à Ottawa et ayant vécu à Gatineau, elle ne parlait pas un mot d’anglais. Mais elle voulait jouer, alors nous l’avons inscrite à la ringuette de Riverview. Je me suis impliquée un peu, et l’instant d’après, je suis devenue entraîneur.e d’une équipe. Je n’avais pas beaucoup d’expérience en tant qu’entraîneur.es, mais nous avons terminé l’année là-bas. Je me suis dit que j’aimais la ringuette, que ma fille aimait la ringuette, mais que je faisais tout ce travail à Riverview alors que je pourrais le faire chez moi à Dieppe. 

 

À l’été 1990, j’avais cinq ou six filles qui étaient intéressées à jouer à Dieppe, alors je suis allée à la Ville de Dieppe et je leur ai dit que j’aimerais mettre sur pied une association de ringuette. On m’a répondu :  » Ringuette, qu’est-ce que c’est ?  » On m’a donc dit :  » D’accord, pas de problème, mais vous devrez vous inscrire auprès de l’Association de hockey mineur de Dieppe « . Et j’ai dit non, pas vraiment, je ne veux pas jouer au hockey. La ringuette est un sport à part entière, comme tous les autres, et allez-vous vraiment faire de la discrimination à l’égard d’un sport féminin ? 

 

Pour faire court, j’ai parlé à une personne de la ville, Pauline Cormier, et elle a vraiment aimé l’idée de la ringuette. Elle m’a dit que si je pouvais la mettre sur pied, nous verrions ce que nous pourrions faire, obtenir quelques heures de glace. 

 

Je me suis donc rendu à l’école primaire de Dieppe, où l’aréna se trouvait juste à côté. Je suis allé parler au directeur et je lui ai dit que j’avais une proposition à lui faire. Vous amenez toute l’école à l’aréna, et mes 5-6 filles iront sur la glace et joueront contre les enseignants, et nous introduirons la ringuette. Et c’est ainsi que tout a commencé. 

 

En quelques semaines, le nombre d’athlètes est passé de 6 à 18 ou 20. La ville de Dieppe a dit :  » Eh bien, il semble que vous avez réussi à faire avancer les choses, voici votre temps de glace « . 

 

Et c’est à partir de là que le club s’est développé. Nous avons joué avec des bâtons de couleur ! C’était formidable pour Riverview, Fredericton et Miramichi d’avoir une autre équipe. Je me suis occupé de l’entraîneur.e, de la gestion, de la représentation, de tout le reste.

 

L’année suivante, les Jeux d’hiver du Canada ont eu lieu à l’Î.-P.-É., en 1991 je crois. J’ai loué une camionnette et nous avons emmené les filles, en leur disant que nous allions regarder des parties à l’Î.-P.-É. C’était incroyable de voir à quel point le sport était populaire dans cette région. C’était incroyable de voir comment la partie était réellement jouée dans tout le pays et cela nous a donné un grand coup de pouce. J’ai rencontré deux gars de Riverview et nous avons lancé le tournoi Riverview-Dieppe afin d’apporter ce genre d’atmosphère chaque année. 

 

Nous sommes passés d’une seule équipe en 1990 à deux en 1991. Je savais qu’il nous restait beaucoup de chemin à parcourir, en termes de compétences et d’expérience, alors nous avons commencé à organiser des camps de ringuette, parce que je voulais qu’une équipe se rende aux championnats nationaux. Je me suis dit que dans 25 ans, nous aurions peut-être une grande équipe ici, mais que ce ne serait pas seulement à Dieppe. 

 

J’ai donc élargi mon champ d’action, aidé un groupe de Memracook, de Shediac, de Cocagne, de Rogersville. Tous ces endroits ont commencé à former des équipes de ringuette, et ils ont ensuite développé l’équipe à partir de là. J’ai commencé à obtenir mes niveaux d’entraîneur.e et à viser les championnats nationaux. J’y suis allée plusieurs fois et j’ai participé à trois Jeux du Canada.

 

Depuis le début, la ringuette au Nouveau-Brunswick a grandi ensemble. Après quelques années, nous savions que nous devions nous développer à l’extérieur et voir ce qu’il y avait d’autre, alors nous avons commencé à participer à des tournois dans des endroits comme Montréal. Nous avons ramené cette expérience à la maison et nous avons amélioré nos équipes. 

 

Après les Jeux du Canada de 2003, j’étais épuisé et j’ai pris du recul. Mais d’autres parents et d’autres personnes se sont impliqués et ont contribué à l’essor de la ringuette à Dieppe. Cela fait plusieurs années que j’ai pris ma retraite, mais la ringuette fait toujours partie de notre vie. Le côté social ne disparaît jamais. 

 

Pendant des années, mon objectif a été d’aller aux Championnats canadiens. Quel effet cela fait-il que les championnats nationaux viennent à moi ? C’est tout simplement merveilleux qu’elle vienne ici. Je serai là pour célébrer la cérémonie d’ouverture avec tout le monde. Malgré les difficultés rencontrées au fil des ans, la ringuette est toujours populaire auprès des filles d’ici, elles l’aiment toujours, et le fait d’avoir le CCR à Dieppe ne fera que rehausser le profil de la ringuette dans la région. Nous allons voir beaucoup d’équipes et d’athlètes formidables dans les années à venir. 

 

À ces gens, je dis de continuer à travailler, de garder leur rêve en vie, et la ringuette continuera à grandir. Merci.»